À la Une: la Guinée sans gouvernement
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Le chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, a fait le ménage. Le gouvernement de transition a été dissous hier lundi. « Les secrétaires généraux des différents départements ministériels vont assurer la gestion des affaires courantes », pointe le site AfricaGuinée. Mais ça ne s’arrête pas là : « Les ministres sont sommés de restituer sans délai leurs véhicules de service et d’escorte. Et leurs comptes bancaires ont été gelés. » Commentaire d’Africa Guinée : « Le CNRD resserre l’étau autour des membres du gouvernement dissous. »
Il faut dire que ces limogeages interviennent dans un contexte plutôt délicat pour l’exécutif. En effet, précise Guinée 7, « les difficultés s’enchainent en Guinée. Les citoyens déplorent le manque d’électricité, la restriction de l’accès à internet et aux médias privés. Sans compter le panier de la ménagère devenu insupportable. Et le peu d’avancées notables dans le cadre politique ».
Crise multiformeEn fait, analyse Ledjely, autre site guinéen, « depuis de longs mois, le président de la Transition se plaignait déjà du peu d’efficacité du gouvernement. À plusieurs reprises, il a fait des remontrances aux ministres. Il s’y ajoute que depuis environ trois mois, il règne une crise multiforme dans le pays. De la restriction des réseaux sociaux au brouillage des ondes de certaines radios, en passant par la crise du carburant, la dégradation de la desserte en courant électrique et l’augmentation des denrées de première consommation, tout cela donnait au pays l’allure d’une cocotte-minute pouvant exploser à tout moment ».
Et Ledjely de s’interroger : « Dans un tel contexte, le gouvernement passe-t-il pour le fusible qui devait sauter pour permettre au CNRD de souffler ? » Et « de cette dissolution, peut-on espérer un dégel du climat sociopolitique et une amélioration des rapports entre la junte et les acteurs les plus importants de l’échiquier politique ? »
Pour WakatSéra au Burkina, « la transition en Guinée, qui demeure floue, sans contour et sans contenu, fait naître désormais beaucoup de questionnements. Ce qui n’est pas forcément bon signe pour le nouveau général de l’armée guinéenne, Mamadi Doumbouya ».
Goma encercléeÀ la Une également : l’étau se resserre autour de Goma dans l’est de la RDC. Avec ce reportage à lire dans Le Monde Afrique. « Depuis que les insurgés ont repris les armes, fin 2021, jamais les combats n’ont été aussi intenses dans les environs de Goma, où plusieurs centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge, constate l’envoyée spéciale du journal. "À chaque fois que nous quittons un lieu pour un autre plus sûr, les rebelles finissent par nous rattraper", se désespère Esdras Dogo, un déplacé de Lac Vert qui erre depuis plus d’un an : "nous n’avons plus d’endroit où aller. Nous ne bougerons plus, quitte à mourir ici". »
Sur le plan diplomatique, rien n’avance, constate encore Le Monde Afrique. « L’implication de Kigali a été une nouvelle fois pointée par les États-Unis, samedi, dans une déclaration du département d’État demandant au Rwanda de retirer ses soldats présents en RDC ainsi que ses missiles sol-air. »
Hier, lundi, « des manifestants anti-Rwanda ont brûlé, dans les rues de Goma, des drapeaux de pays occidentaux, accusés de soutenir Kigali. À Kinshasa, la colère est aussi montée d’un cran. Le 12 février, plusieurs véhicules diplomatiques avaient été caillassés et des pneus calcinés devant le siège de la mission de l’ONU et les ambassades de France et des États-Unis. »
Escalade ?« Jusqu’où iront les conséquences de l’offensive du M23 dans l’est de la RDC ? », s’interroge pour sa part Jeune Afrique. Car le ton monte de part et d’autre. « Félix Tshisekedi, réélu pour un second mandat à la tête du pays en décembre dernier, a récemment mis en garde Kigali, affirmant qu’à "la première escarmouche", il n’hésiterait pas à déclarer la guerre à son voisin. » Et « dimanche, c’était au tour du Rwanda de se montrer menaçant ». Kigali a accusé les autorités congolaises de vouloir « envahir le Rwanda » et a annoncé avoir mis en place des mesures « pour assurer une défense aérienne totale de son territoire ».