Vers une amélioration de la situation alimentaire dans le Grand Sud malgache?
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Dans le Grand Sud malgache, les régions Anosy et Androy sont réputées pour leur climat hostile : une chaleur sèche et étouffante, un vent violent et poussiéreux, des précipitations de plus en plus rares. Soumises aux changements climatiques et aux effets d'El Niño, ces régions cumulent souvent de tristes records, notamment en matière de malnutrition de ses habitants. Actuellement, 800 000 personnes font face à une grave insécurité alimentaire dans la zone. Mais la situation s'est cependant améliorée par rapport aux années précédentes, dans les zones bénéficiant de programmes d'aide et de sensibilisation. C'est le cas notamment à Sampona.
Reportage de notre correspondante de retour de Sampona,
Sous l'arbre à kabary (l'arbre à discours), au milieu du village, une cinquantaine de femmes et leurs enfants s'abritent du soleil. Les rafales de vent soulèvent le sable qui fouette le visage des enfants. Sur la natte, Nasolo, dix fois maman, tient à nous faire une démonstration, avec sa petite dernière, âgée de deux ans. « Je pose la réglette sur son bras, après je la fais passer tout autour, et je regarde la mesure qui indique la grosseur de son bras. Et voilà ! Si la taille est en dehors de la marque verte, c'est qu'il y a un problème. On ne sait pas grand-chose d'autre, mais quand on sait faire ça, on sait si son enfant est malnutri ou en bonne santé », dit-elle.
Ces bracelets de mesure du périmètre brachial, l'Unicef les distribue massivement aux parents depuis 2021. Un outil simple d'utilisation et précis qui contribue depuis trois ans à déceler de manière plus précoce la malnutrition aigüe sévère et modérée chez les tous petits. Une manière aussi d'autonomiser les parents sur le suivi de la santé de leur enfant et d'aller chercher de l'aide dès que les seuils d'alerte sont atteints.
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Un bracelet qui peut sauver des viesC'est ce qui s'est passé il y a peu pour Bien-Aimé, un an et demi. Arisoa, sa maman, a décelé une anomalie en mesurant son bras. Depuis, elle se rend tous les quinze jours au centre communautaire à 1h30 de marche de chez elle. « Enlève les vêtements de ton enfant ! Je le mets dans la balance… 8kg … 500 ! » Tema Modiohazy manipule le garçonnet. « Je suis agente communautaire. Je reçois les enfants malnutris qui viennent sur ce site. Ce que j'ai fait avec Bien-Aimé, c'est que je l'ai pesé, puis je l'ai mesuré. Il est encore dans le jaune, donc malnutri. Mais de manière générale, les mamans écoutent bien les conseils sur l'alimentation et la diversification. »
Arisoa opine. « Je sais que ce serait bien de lui donner des petits poissons maintenant, de l'ananas ou des bananes. Mais on n'a pas de ça ici. On n'a que du sorgho. On voudrait planter du manioc, mais la pluie ne tombe pas. »
Au village, les mamans râlent. Depuis 2021, année de la terrible sécheresse, les ménages recevaient tous les deux mois 50 000 ariary (soit environ 10 euros) via le Fonds d'intervention pour le développement, pour faire face à l'absence de récoltes. Mais en janvier, le versement a pris fin, « parce que la situation alimentaire et nutritionnelle s'est améliorée », expliquent les acteurs humanitaires (le village de Sampona est passé de la classification IPC 3 à IPC 2), qui ont donc décidé de prioriser d'autres zones.
Ces populations restent cependant vulnérables. Qu'adviendra-t-il d'elles quand tous les acteurs appelés à des urgences plus graves seront partis ? En Androy, au moins quatre enfants sont morts de faim depuis le début de l'année.