Côte d’Ivoire: le plus grand bidonvillle d’Afrique de l’Ouest en pleine gentrification

Côte d’Ivoire: le plus grand bidonvillle d’Afrique de l’Ouest en pleine gentrification

RFI
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À San Pedro, le marché de l’immobilier explose dans l’ancien bidonville du Bardot. Autrefois en périphérie, ce quartier est désormais central, en raison de l’extension de la ville portuaire de 400 000 habitants. Jadis précaire et criminogène, le Bardot a connu un telle transformation qu’il est actuellement l’un des plus prisés de San Pedro.

De notre envoyé spécial à San Pedro,

En marchant aux abords de la place Ado où des adolescents ont organisé un tournoi de foot, difficile de penser que le quartier fut un jour considéré comme l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique de l’Ouest. Les plus âgés, eux, se souviennent bien de l’ancien Bardot et de ses petites ruelles. Sissé Basséplo, et Fofana Mamadou ont vécu respectivement 25 et 35 ans dans ce quartier :  « Avant, c'était un [lieu] insalubre et criminel, parce qu’il y avait des maisons en bois, donc on agressait, on braquait même en plein jour, à 10h, 12h même. »

Fofana Mamadou se rappelle que « c’était un bidonville, il n’avait même pas de courant à San Pedro. Les maisons que tu vois étaient en bois, il n’y avait pas de maison en dur, on pouvait même pas marcher ! Parce que tu te retrouvais dans les bois. Il n’y avait que deux routes à l’époque, on vivait dans les bois et on avait honte.  San Pedro a évolué et s’est transformé à 100%. »

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En 20 ans, de larges rues ont été tracées dans une optique de planification urbaine et le quartier a été raccordé à l’électricité et à l’eau courante. Le quartier compte 50 000 habitants et a été divisé en 18 sous-quartiers. Mory Sylla, conseiller municipal de San Pedro montre les systèmes de récupération des eaux de pluie : « Vous voyez de la canalisation un peu partout qui longe les différentes voies, et les ouvertures de voies ont été faites par des techniciens (..) en tenant compte de certaines normes. »  

En raison de ce développement fulgurant, les loyers ont fortement augmenté alors que les salaires restent peu élevés. Comme de nombreux habitants du quartier, Sissé Basséplo est docker au port de San Pedro, un métier saisonnier et précaire : « Évidemment, le prix des loyers ont augmenté, en 2002-2003, c'était 15 000 Francs CFA par mois aujourd’hui pour se loger, il faut payer coutent 50 000 Francs CFA. (…). S’il y avait une politique d’urbanisation au niveau du logement, ça ferait plaisir à la population. »

Pour faire face à la pénurie de logements, la mairie de San Pedro envisage la construction de nouveaux quartiers, ou d’une « ville nouvelle ».