Madagascar: la lecture pour tous grâce à une maison d'édition qui se lance la fabrication de livres en braille

Madagascar: la lecture pour tous grâce à une maison d'édition qui se lance la fabrication de livres en braille

RFI
00:02:22
Link

About this episode

À Madagascar, si les établissements de prise en charge des personnes aveugles et malvoyantes sont rares, les ressources éducatives dédiées aux porteurs de ce handicap le sont encore plus. Depuis 2019, une petite maison d’édition tananarivienne de livres jeunesse s’est lancée le défi de proposer quelques ouvrages en malgache et en braille. Elle est la seule aujourd’hui à avoir investi ce créneau.15 titres jeunesse sont désormais disponibles en double version braille et « écriture noire », uniquement sur commande. 

De notre correspondante à Antananarivo,

« - Marie-Michèle ! On vient de recevoir les feuilles en braille d’Antsirabe ! :  Ah super, je vais pouvoir faire l’assemblage alors. »

Au sein de sa petite maison d’édition Jeunes malgaches, Marie-Michèle Razafintsalama s’adonne à un drôle d’exercice : « Ça c’est la page de garde… Je repère que c’est la page 1. Et après c’est la page 2. Là, tu vois, les points tout en haut, c’est la pagination. Moi, je ne lis pas le braille, mais c’est avec ça que je me repère pour faire l’assemblage. »

Sur la table devant elle, l’éditrice fait deux piles. Une avec les pages en papier glacé d’un livre illustré pour enfants, provenant de sa collection. L’autre pile, ce sont les feuilles épaisses transparentes qu’elle vient de recevoir, sur lesquelles apparaissent une multitude de points en relief. Cette étape de transcription en braille et de poinçonnage des feuilles est sous-traitée à Antsirabe. « Tout est fait à la main, que ce soit la transcription sur la machine à écrire et ensuite l’assemblage. Et après, on va faire une reliure spirale quand tout sera fini. C’est un processus qui est très long parce que si par exemple, on a une commande de dix exemplaires du même livre, la personne qui fait la transcription va devoir taper dix fois chacune des pages du livre. »

« Tous les enfants doivent pouvoir lire »

Sur cette opération, la petite maison d’édition ne fait quasiment pas de bénéfice. Qu’importe, sa rétribution, Marie-Michèle la trouve ailleurs : « Nous, on veut vraiment permettre à tous les enfants de lire, d’accéder au savoir et aux connaissances. Ici, il y a encore beaucoup d’enfants qui n’ont pas accès aux livres. Surtout les enfants en situation de handicap, c’est pour ça qu’on le fait. »

Une aubaine pour les associations qui soutiennent les personnes malvoyantes. En mettant entre les mains d’enfants atteints de déficience visuelle les ouvrages en braille conçus par Marie-Michèle, Holiniaina Rakotoarisoa, directrice exécutrice et fondatrice de l’ONG MERCI, qui œuvre pour l’inclusion sociale des personnes porteuses de handicaps, a ressenti une véritable évolution chez ses petits protégés.

« Ils sont très contents de lire les livres avec les autres enfants qui n’ont pas de déficience. Ils sont autonomes de faire la lecture tout seuls. Ils sentent qu’ils peuvent avoir les droits comme les autres. Et pour les enfants qui ne peuvent pas encore lire les livres en braille tout seul, car trop petits, ils entendent les autres lire à haute voix et ça les motive à apprendre le braille. »

Un outil d’inclusion incroyable qui mériterait d’être dupliqué. À l’heure actuelle, il n’existe aucune entreprise malgache qui édite des livres en braille pour adultes.

À lire aussiSolidarité internationale entre associations d'aveugles françaises et africaines

À lire aussiMaroc: le traité facilitant l'accès à la lecture pour les malvoyants enfin signé