Quand Bayrou met les pieds dans le plat

Quand Bayrou met les pieds dans le plat

RFI
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François Bayrou a pimenté la deuxième vague de nominations du gouvernement Attal. La rumeur le donnait entrant dans l'équipe ministérielle, il a choisi d'y couper court de manière tonitruante en dénonçant un « désaccord profond » avec la méthode de l’exécutif. François Bayrou a mis les pieds dans le plat.

François Bayrou a fait du François Bayrou, tout juste relaxé dans le procès des assistants parlementaires du Modem qui le plombait depuis sept ans, il est « remonté sur son cheval » à la béarnaise, sa fierté en bandoulière, avec une sortie explosive mais un peu calculée tout de même. Plutôt que d'attendre l'annonce du casting d'un gouvernement où il ne figurerait pas, il a claqué la porte au nez de Gabriel Attal publiquement et préventivement en déclarant qu'il avait refusé le ministère des Armées. Lui qui s'imaginait de retour à l'Éducation pour laquelle selon son entourage, il a une vision claire : « On ne peut faire évoluer les choses qu'avec les professeurs, pas sans eux ». Mais la méthode Bayrou n'était visiblement pas la méthode Attal. Un ministre raconte qu'ils « se le sont dit ».

Une rumeur entretenue

La rumeur avait pourtant été savamment entretenue dans les derniers jours avant le remaniement. Dans le parti de François Bayrou, on s'interroge d'ailleurs sur la diffusion de cette rumeur. On met même en doute la réelle volonté de l'exécutif de le faire entrer au gouvernement. « Ce qui se joue, c'est un combat d'influence entre les différentes lignes qui essaient de parler à l'oreille du président », affirme un cadre du Modem. La ligne Bayrou, c'est à l'entendre la ligne démocrate qui veut « embarquer le peuple ». Et c'est ça qui aurait poussé le maire Pau à mettre en garde contre « le gouffre qui s'est creusé entre la province et Paris ». Une déconnexion du pouvoir qui fait le lit du Rassemblement national.

« Le procès en parisianisme et technocratisme »

Une critique qui a surpris dans la majorité, et même au Modem. Une ministre Renaissance ne s'est d’ailleurs pas privée de pointer l'émoi des troupes centristes prises de court pour minimiser l'impact des attaques de François Bayrou sur le gouvernement : « Il a provoqué un petit séisme dans sa famille politique », dit-elle, « il y a une déconnexion avec sa base »...

Les proches du Palois racontent une autre histoire. « Ce qu'il dit n'est pas infondé... Le procès en parisianisme et technocratisme ne vient pas de François Bayrou mais des Français… Ce n'est pas parce qu'on dit les choses qu'on doit quitter la majorité ». La quitter non, mais la secouer, en mettant les pieds dans le plat, François Bayrou a voulu tirer la sonnette d'alarme dans la perspective de la présidentielle. Sa crainte : que le « bloc central » victorieux grâce à Macron en 2017, cède l'Élysée aux extrêmes en 2027.