Européennes: Emmanuel Macron à fond contre le Rassemblement national
About this episode
La campagne a bel et bien démarré pour les élections européennes du mois de juin. Emmanuel Macron a enfin désigné la tête de liste de la majorité, la députée européenne Valérie Hayer, et il a lancé l’offensive contre le Rassemblement national (RN). Le président est entré dans le match en tapant à bras raccourcis sur le parti de Marine Le Pen.
Visiblement, Emmanuel Macron joue la « rediabolisation ». Ces derniers jours, il a enchaîné les attaques. Dans une interview au quotidien communiste l'Humanité avant la cérémonie de panthéonisation de Missak Manouchian, il a déclaré que le RN ne s'inscrivait pas dans « l'arc républicain ». Au salon de l'Agriculture, il l'a accusé d'être indirectement responsable des manifestations violentes contre lui et s'en est pris au « projet de décroissance et de bêtise » du parti de Jordan Bardella. Un haro sur le RN poursuivi peu après par son Premier ministre, Gabriel Attal a embrayé au Salon de l'agriculture en comparant les responsables du RN à des « passagers clandestins de la crise agricole » et à l'Assemblée en accusant les membres du parti d'être « les troupes de Poutine ».
La stratégie du face-à-faceLa stratégie d'Emmanuel Macron pour les européennes, c'est donc le face-à-face. Hors du duel, pas d'avenir électoral semble penser le président à un peu plus de trois mois du scrutin européen et alors que Jordan Bardella creuse son avance dans les sondages. Emmanuel Macron, en désignant le RN comme seul et unique adversaire, présente son camp comme le seul et unique rempart contre lui.
À lire aussiAvec Valérie Hayer, tête de liste pour les européennes, la majorité joue la carte de la compétence
Mais cette stratégie ne convainc pas tout le monde dans sa famille politique. Une macroniste historique estime qu'entrer dans ce « match exclusif », c'est prendre une « très grande responsabilité... pour se présenter comme la seule digue, il faut qu'elle soit très forte ».
Quels arguments contre le RN ?Et la question subsidiaire est de savoir quels arguments on utilise contre le RN. La ligne est floue pour ne pas dire en « zigzag ». Emmanuel Macron envoie des signaux contradictoires. Il avait recadré Élisabeth Borne quand elle avait qualifié le RN « d'héritier de Pétain » jugeant que les « arguments moraux, ça ne marchait plus » et puis récemment il a finalement choisi d'évoquer lui aussi le rapport à l'histoire du parti issu du Front national en estimant que ses représentants seraient « inspirés » de ne pas assister à la panthéonisation du résistant Missak Manouchian.
Taper sur les incohérences et les failles du programme ou dénoncer l'héritage du passé, banaliser ou diaboliser. Un député Renaissance en est convaincu : « Il faut être offensif, mener la bataille politique et idéologique » en vue des européennes, mais aussi de la présidentielle car prévient une ministre : « Le risque Le Pen est très concret, ce n'est pas un risque sondagier. »
À lire aussiÉlections européennes: en France, le RN confirme sa priorité de la lutte contre l’immigration