La noix d’Amazonie, un allié contre la déforestation
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C'est un produit de la forêt qui pèse peu sur le marché mondial, mais aussi limitée soit la production, le marché de la noix d'Amazonie est crucial pour lutter contre la déforestation.
Sur le marché des noix, celle originaire d'Amazonie ne représente qu'à peine 1% du commerce - soit 31 000 tonnes en 2021. C'est ce qu'on appelle un marché de niche. Mais ce super aliment réputé pour sa richesse en sélénium, a aussi une vertu écologique totalement méconnue. Et c'est ce qui pousse aujourd'hui la banque hollandaise FMO via un de ses fonds de soutien aux projets durables -le DFCD Dutch Fund for Climate and Development- à accompagner ce secteur économique confidentiel.
L'enjeu environnemental est énorme : tant que la demande en noix du Brésil, comme on l’appelle aussi, augmente, ou a minima se maintient, la forêt dans laquelle pousse le noyer a des chances d'être préservée. C'est ce qu'explique Olivier Antoine, président du cabinet ORAE Géopolitique, dans le dernier rapport Demeter sur les enjeux agricoles mondiaux paru ce mois de février. Sachant que la densité est d'environ un arbre par hectare, les importations européennes qui se montaient à 11 millions de kilos de noix en 2021 permettent à elles seules de « protéger » des centaines de milliers d’hectares.
Une production dépendante d’un écosystème uniqueLa noix ne pousse que dans son environnement naturel, la forêt, et seulement sous certaines conditions : « La pollinisation du noyer nécessite l'interaction entre une abeille sauvage, une orchidée et la fleur du noyer », explique Olivier Antoine, autrement dit seul un écosystème préservé sous la cime du noyer peut pérenniser la production.
Mais pour motiver les cueilleurs, il faut aussi qu'ils y trouvent un intérêt économique. Car lorsqu'ils font face à plusieurs cycles de prix trop bas, certains décrochent, changent d'activité et se mettent à l'élevage, la principale alternative. Ils participent alors la déforestation de la région.
La production brésilienne en chuteC'est ce qui s'est passé au Brésil où d'immenses espaces forestiers ont laissé la place à des prairies d'élevage. Le pays a longtemps été le premier producteur et exportateur de noix d'Amazonie, mais aujourd’hui, le premier rang est occupé par la Bolivie qui fournit plus de 70 % du marché.
La pression est cependant de plus en plus forte à la frontière entre le Brésil (région de l'Acre) et le nord de la Bolivie (région du Béni) : « La présence de la filière bovine brésilienne crée un effet d'aubaine et les premières coupes dans la forêt font leur apparition coté bolivien », témoigne l’expert.
Comme souvent les cueilleurs ont très peu de marge de manœuvre, ils n'ont aucune maitrise sur les prix de la noix. Ce sont les importateurs qui font les prix et qui pourraient aussi dans les prochaines années, malgré eux, contribuer à accélérer la déforestation de l'Amazonie.
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