Naissance d'une zone humide

Naissance d'une zone humide

RFI
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Vendredi 2 février, c'était la journée mondiale des zones humides. Ces réservoirs de biodiversité sont en péril face aux activités humaines et au changement climatique. Rediffusion d'un reportage réalisé au printemps 2023 en région parisienne où une association de protection de la nature a créé un réseau de mares pour les amphibiens, grenouilles et autres tritons.

(Rediffusion du 4 juin 2023)

C'est une jolie clairière, ensoleillée ce jour-là, parsemée de taches jaunes et mauves – les fleurs des genets et des jacinthes des bois. Le chant des oiseaux n'est troublé que par des bruits de pelle. Ici, à Dourdan, en région parisienne, en lisière de forêt, on creuse sur un terrain qui appartient à la SNPN, la Société nationale de protection de la nature, la plus ancienne association environnementale française, créée au 19e siècle. Quelques volontaires, Ahmed, Camille, ou Théo, sous la houlette de Marguerite Nielen, à l'origine de ce projet, sont venus donner un coup de main, ou plutôt des coups de pelles, pour créer une mare.

Les mares font partie de ce qu'on appelle les zones humides, au même titre que les lacs, les mangroves ou les tourbières. Les zones humides, qui occupent 6% de la surface de la Terre, accueillent 40% des espèces de plantes et d'animaux, mais disparaissent trois fois plus vite que les forêts, selon les Nations unies, à cause des activités humaines et du réchauffement climatique. « À l'échelle mondiale, on a des zones humides qui sont vraiment en détresse, et notamment en France où plus de 50% des zones humides ont disparu, explique Fanny Mallard, écologue à la SNPN. L'idée, en créant une mare, c'est de permettre à la biodiversité, aux espèces comme les amphibiens, grenouilles ou tritons, de pouvoir se déplacer d'une mare à une autre, trouver refuge, trouver de la nourriture, se reproduire et faire tout leur cycle biologique. »

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De l'eau pour les grenouilles... et les chevreuils

Un quart des amphibiens, en France, sont menacés de disparition. Avec la répétition des sécheresses, les populations d'amphibiens sont en péril puisque sans eau, il leur est impossible de se reproduire. Alors ici, on va créer trois mares, en tout, de 1m20 de profondeur, qui seront remplies par l'eau de pluie. « Il s'agit de laisser la mare se faire naturellement, poursuit Fanny Mallard. La colonisation par la faune et la flore doit se faire de manière naturelle, donc on ne va rien planter. Si on a, par exemple, une espèce exotique envahissante, là, on interviendra pour remettre le milieu dans la bonne trajectoire naturelle, pour que le milieu puisse s'exprimer le mieux possible, de façon naturelle. »

Encore des coups de pelles, et ce sera bientôt fini pour extraire au total près de 20 mètres cubes de terre. Tout se fait à la force des bras et personne ne ménage ses efforts sous le soleil printanier. « On veut éviter d'apporter des grosses machines et de déranger les chevreuils qui étaient là en train de se reposer ce matin quand on est arrivé », raconte Natacha Lemoine, chargée de projet Zones humides à la SNPN. La mare ne profitera pas qu'aux grenouilles... C'est peut-être une goutte d'eau – mais l'eau, c'est la vie.

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