Taxer les super riches, l’idée fait son chemin au G20
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Les ministres des Finances du G20 se sont penchés sur la possibilité d’une taxe sur les super riches. L’ambition du Brésil, qui a missionné un économiste français pour travailler sur le sujet, est d’arrêter une position commune d’ici juillet.
L'idée de taxer les super riches n’est pas nouvelle, mais elle n’avait encore jamais été abordée à un tel niveau lors d’un sommet international. Ce 29 février, le ministre brésilien des Finances a appelé les pays du G20 à « trouver des solutions efficaces pour que les super riches paient leur juste part d’impôt », et fixé un calendrier, le mois de juillet, pour parvenir à une position commune.
Alors que le monde n’a jamais autant compté de milliardaires – près de 2 700 d’après le dernier décompte du magazine économique Forbes – le Brésil a fait de la lutte contre les inégalités mondiales une de ses priorités.
Pour éclairer les débats, la présidence brésilienne du G20 a convié ce jeudi 29 février l’économiste français Gabriel Zucman, spécialiste des inégalités et des paradis fiscaux et partisan d’un impôt minimum sur le patrimoine pour les plus riches.
Un impôt mondial pour les milliardaires égal à 2% de leur richesseSes travaux mettent en lumière le fait que les milliardaires ne paient que très peu, voire pas du tout d’impôt. « Les milliardaires mondiaux ont des taux d’imposition effectifs équivalents à 0%, 0,5% de leur richesse, en raison du recours fréquent à des sociétés écrans pour éviter l'impôt sur le revenu », écrivait l’Observatoire fiscal de l’Union européenne qu’il dirige, à l’automne dernier.
L’économiste milite donc pour l’instauration d’un impôt minimum mondial pour les milliardaires égal à 2% de leur richesse. D’après les calculs de son Observatoire, une telle taxe appliquée aux 3 000 particuliers les plus aisés de la planète permettrait de récolter 250 milliards de dollars (235,5 millions d’euros).
« Que le début de l’aventure »Si les obstacles à l’application d’une taxe pour les super riches restent très nombreux - fiscalité différente d’un pays à l’autre, réticences de plusieurs États – l’équipe de Gabriel Zucman salue cette invitation au G20 comme une première victoire.
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est une première étape, explique Quentin Parinello, porte-parole de l’Observatoire européen de la fiscalité, présent ce jeudi à Sao Polo. Les discussions vont encore durer encore plusieurs mois avec on l’espère, un accord au bout. Ce n’est que le début de l’aventure. » L’équipe de Gabriel Zucman a été missionnée par la présidence brésilienne du G20 pour travailler sur la mise en œuvre d’une telle mesure.
Taxer les plus riches n’est plus tabouMais l’idée de taxer les plus riches n’est plus tabou. En plus du Brésil, la France, par la voix de son ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est dite favorable à cette idée : « Nous sommes pleinement engagés à accélérer le processus de mise en place au niveau international, au niveau de l'OCDE, au niveau du G20, et je l'espère au niveau des pays européens, d'une taxation minimale des individus afin de combattre toute forme d'optimisation fiscale des personnes à travers le monde. »
L’émergence de ce débat devant la tribune du G20 est aussi perçue comme une avancée pour Oxfam. « Notre espoir, explique Layla Yakoub, responsable plaidoyer au sein de l’ONG, c’est que ces discussions ouvrent la voie à d’autres cadres internationaux aux Nations Unies ou à l’OCDE pour davantage de justice fiscale. »
Cette année, une première étape doit être franchie avec l’entrée en vigueur dans les pays de l’OCDE d’un taux d’imposition minimum effectif de 15% pour les multinationales.
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