Pourquoi les Américains sont encore pessimistes sur l’économie

Pourquoi les Américains sont encore pessimistes sur l’économie

RFI
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L’économie américaine est en pleine forme. Cela devrait naturellement bénéficier au président sortant lors du scrutin présidentiel de novembre 2024. Mais les Américains ne partagent pas cette vision optimiste. La majorité considère - au contraire - que la priorité de la Maison Blanche devrait être encore de renforcer l'économie.

Selon le sondage annuel de Pew Research Center sur les priorités des électeurs, une majorité écrasante d’entre eux, 73%, mettent l’amélioration de l’économie en tête de liste de leurs préoccupations. Bien loin devant toutes les questions plus précises concernant la sécurité, l’immigration ou la défense. Ils en font la priorité des priorités, quel que soit leur âge, la couleur de leur peau ou leur orientation politique.

Un vœu ahurissant au regard des performances macro-économiques des États-Unis. La croissance américaine est vigoureuse, elle contraste avec celle de la Chine ou des pays européens aujourd'hui à la peine. Wall Street est sur un petit nuage. Le chômage à 3% n’a jamais été aussi bas depuis les années 1960. Et l’inflation est retombée à 3% après avoir culminé à 9% en 2022.

Un rétablissement insensible au quotidien

Mais ce rétablissement ne s'est pas encore concrétisé dans le quotidien des ménages américains. C’est particulièrement vrai pour l’inflation. Ce n’est plus un problème macro-économique. La Réserve fédérale (Fed) s'apprête à en tirer les conséquences et à abaisser les taux d’intérêts qu'elle a fortement relevés pour mater la hausse des prix.

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Mais au moment de passer à la caisse, pas grand-chose n’a changé : le reflux de l’inflation ne signifie pas que les prix baissent. Ils restent trop élevés pour un nombre croissant de ménages. Le coût de la vie a explosé et beaucoup de familles ont du mal à boucler les fins de mois. Selon un sondage effectué régulièrement par l’administration depuis l’apparition du coronavirus, 43 millions d’Américains ont indiqué avoir du mal à payer les factures en octobre 2023. Ils n’étaient que 27 millions dans ce cas deux ans plutôt, avant que l'inflation se propage.

Le coût exorbitant du logement

Les dépenses liées à l’acquisition d’un logement absorbent une part croissante du pouvoir d'achat des ménages. Elles aspirent en moyenne 40% du revenu des Américains. Alors que depuis plus de trente ans, c’était seulement 25%. Le marché immobilier est devenu hors de portée pour les classes moyennes. L’âge moyen de l’acquisition a reculé à 49 ans. Les plus jeunes sont de fait exclus du rêve américain.

Les « Bidenomics » ont sorti les États-Unis de la crise provoquée par le Covid-19 mais elles ne seront d’aucun secours sur le plan électoral car les Américains n’en ressentent toujours pas les bienfaits. Ce paradoxe est l’une des originalités de la présidentielle 2024. Les équipes du président sortant ont bien identifié le problème mais n'ont pas trouvé les mots magiques pour dissiper le malaise. En général, seul le temps fait son œuvre. Cela peut prendre une année avant que le recul de l’inflation ne soit ressenti de façon positive par les ménages.